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Martine de Laburthe

Lundi 8 mars - La Prière de St François - Famille Franciscaine





François d’Assise apparut à ses contemporains comme un homme de prière, un exemple d'une prière intense, constante, "la prière-faite--homme" dira l'un de ses biographes.


Dans l’ensemble des écrits de François, comme selon le témoignage de ses compagnons et biographes, sa prière est essentiellement une louange gratuite et action de grâces.


Tout au moins sa prière exprimée, car la prière d’adoration, prière fondamentale, gratuite par essence, est totalement silencieuse, totalement inexprimée...et quand elle atteint vraiment son objet proprement ineffable.


La « Prière gratuite »


Quand nous contemplons Dieu en lui-même, en découvrant son amour très libéral "qui ne veut et ne fait que le Bien" par pur amour, et qui nous aime éternellement dans le même acte d'amour éternel dans lequel éternellement il aime et engendre son Fils, et qu'avec lui par pure gratuité amoureuse et libéral il souffle son Esprit d'Amour, alors nous percevons que le Père nous aime éternellement dans son Fils en qui il a aimé et voulu tous les êtres, et dans son Esprit, le Don suprême. Et quand nous découvrons avec admiration et étonnement que toute l'histoire du Salut est déjà exprimée dans la génération éternelle et dans l'Incarnation de son Fils, nous ne pouvons que soupirer avec François : "Qui es-tu Seigneur, et qui suis-je...?". L'Amour gratuit de Dieu espère une réponse gratuite, libérale, et généreuse de chacun de nous.


Mais cette expérience spirituelle nous renvoie ensuite vers le monde des créatures que nous contemplerons avec un regard nouveau, purifié, lumineux, qui sollicite de notre part une compréhension et une action nouvelles vis-à-vis des créatures éternellement aimées par Dieu et qu'il nous propose comme des dons.


Ceci vaut d'abord pour nous-mêmes, pour notre propre existence, notre propre vie, notre propre histoire à l'intérieur de l'histoire des hommes. Le véritable esprit évangélique, l'esprit d'enfance qu'il faut avoir pour entrer dans le Royaume, c'est d'abord d'accueillir sa propre existence comme un premier don....s'aimer soi-même par amour pour Dieu, et s'émerveiller de ce don.


Par rapport au monde créé, précisément par rapport à toutes les autres créatures, la prière nous pousse à une bienveillance et une admiration fondamentales pour tout ce qui nous est donné par Dieu. Reconnaître toutes choses comme des biens donnés à l'usage de tous, qu'il faut donc admirer, respecter, partager....gratuitement et dans l'action de grâces. (….)


La prière de gratuité s'adresse à Dieu et attend de lui seul ce qu'il lui plaira de donner. En ce sens-là, la prière de demande peut parfaitement être une prière de gratuité. C'est d'ailleurs l'enseignement du Seigneur dans l'Evangile selon saint Luc, qui invite à faire connaître ses besoins à Dieu comme à notre Père, pourvu que l'on soit toujours disposé à recevoir avant tout son Esprit-Saint qui seul, comme le dit Paul, "sait prier comme il faut", c'est-à-dire selon le vouloir de Dieu. Dans le prolongement de cet enseignement, et comme sa parfaite illustration, nous possédons de François d'Assise une très belle prière : l'Oraison qui clôt sa lettre à tout l'Ordre :

Dieu tout-puissant, juste et miséricordieux, par nous-mêmes nous ne sommes que pauvreté ; mais toi, à cause de toi-même, donne-nous de faire ce que nous savons que tu veux et de toujours vouloir ce qui te plaît, afin qu’intérieurement purifiés, intérieurement illuminés et embrasés du feu de l’Esprit Saint nous puissions suivre les traces de ton Fils bien-aimé notre Seigneur Jésus-Christ, et par ta seule grâce parvenir jusqu’à toi, Très-Haut, qui vis et règnes, glorieux, en trinité parfaite et simple Unité, Dieu tout-puissant, dans tous les siècles des siècles. AMEN

Frère Luc Mathieu, ofm


Comment cette prière résonne-t-elle en nous ?


C’est amusant mais je n’avais jamais pensé cette prière comme celle de la « gratuité » ou de la contemplation, mais comme celle, paradoxale, à la fois du dynamisme d’une mise en marche et du « lâcher prise » absolu.

La mise en marche, quotidienne pour qui reprend cette prière tous les matins, c’est le rappel que Dieu nous demande d’agir, de faire, et que pour cela nous lui demandons qu’il nous « donne de faire », c’est-à-dire nous procure la ressource, l’énergie, le besoin d’accéder à l’action.


Et dans cette double démarche, la première, intérieure, l’action de l’Esprit, nous purifie, nous éclaire et devrait nous embraser, François en est l’exemple parfait, nous sommes sans doute moins « combustibles »…


Démarche intérieure qui nous permet de nous préparer à « suivre les traces de ton Fils », mise en marche renouvelée tous les jours, appel de chaque matin, dynamisme de l’action « extérieure ».

C’est vers un chemin infini, dans des pas trop grands pour nous, que Dieu nous appelle à marcher, à nous mettre en mouvement, à aller vers ce que « nous savons qu’Il lui plaît ».


Je m’imagine ces « traces » du Fils comme un sentier qui serpente à travers le monde, un escalier qui peu à peu nous élève, dont l’extrémité se perd dans les brumes.


Une trace dont, tel Sisyphe, nous devons souvent reparcourir des pans entiers, mais sans le sentiment du désespoir, parce qu’il est, chaque jour, nouveau malgré tout.


Mais surtout parce que nous savons que la véritable extrémité de ce chemin est la rencontre avec Dieu.


Cette rencontre ne dépend pas de nous, nous ne l’atteindrons « que par Ta seule grâce ».


Tout ce qui nous est demandé, c’est de reprendre chaque jour ce chemin, à la fois sans concessions, pacifique et joyeux.


Gilles de Lataillade, Fraternité Franciscaine Séculière (FFS), Toulouse


Si vous souhaitez faire connaissance avec les différentes branches de la famille franciscaine :



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